J’ai une confidence à vous faire: Je suis indisciplinée! Et oui. Je me dénonce. J’ai beau connaître de nombreux outils pour prendre soin de moi au quotidien, j’ai quand-même de la difficulté à maintenir une discipline. Mon côté rebelle est très puissant, et cela a certains avantages… Par contre, quand vient le temps d’installer une routine, il me met des bâtons dans les roues. Avec des années à remettre mon ouvrage sur le métier, j’ai découvert que le recette gagnante pour moi est une discipline en souplesse. Je vous partage quelques éléments de réflexion ici.
Pourquoi la discipline?
Lors d’une formation avec Dr Colette Portelance il y a quelques années, elle nous partageait le fait que la discipline pour elle était source de Liberté. Cette grande Dame a créé une école reconnue au niveau international, et écrit de nombreux livres, dont certains sont utilisés comme références* en relation d’aide dans les milieux universitaires. Pour résumer, c’est une femme en action! Alors, ses mots m’ont beaucoup fait réfléchir au fils des ans.
Discipline est un mot dont l’origine latine exprime le désir d’apprendre; mais c’est aussi le concept grec de l’effort, relié à une façon de vivre sa vie*. Pour ma part, j’avais associé le mot discipline avec la contrainte, la rigidité, l’ennui et la souffrance… Oui! Je partais de loin!
Alors, en quoi la discipline peut-être porteuse de liberté? Et bien, tout simplement parce qu’en étant discipliné, nous accomplissons et nous nous accomplissons. Lorsque l’écrivain en devenir s’assoit tous les jours à son bureau pour écrire, il s’accomplit. Lorsque la yogini se lève avant l’aube et pratique son yoga, elle s’accomplit. Et toutes ces actions sont symboles de liberté personnelle et d’expression de soi.
La discipline en souplesse
Ce qui rend la discipline rebutante c’est la rigidité que nous y associons. Lorsque j’étais dans ma vingtaine, je me bâtais avec la discipline. J’avais la fausse croyance qu’il me fallait mettre en place une routine et m’y tenir coûte que coûte. Alors, je démarrais des actions de bien-être, mais ne les tenant pas dans le temps, je me jugeais incapable d’y arriver, je me décourageais et je perdais confiance en moi.
J’avais aussi l’idée que pour devenir disciplinée, il fallait absolument que je fasse tout bien tout de suite. Mon niveau d’exigence surélevé et la rigidité de mon approche de la discipline à l’époque me mettaient face à l’échec assuré.
À force de travail sur moi et grâce à ma volonté de m’améliorer comme personne, j’ai découvert que la discipline peut s’installer un pas à la fois, avec respect.
Voici quelques lignes directrices pour soutenir ce processus de souplesse disciplinée:
↠ Fixer des objectifs réalistes
C’est important de prendre soin de soi au quotidien. Pour instaurer une réelle discipline de bien-être ( faire du yoga, manger sainement, faire de l’activité physique, etc.), il est essentiel de le faire avec respect de soi et réalisme.
Nous commençons par déterminer des actions de bien-être qui peuvent simplement s’insérer dans le quotidien. Par exemple, si je décide d’aller à la piscine mais que la première piscine est à 20 minutes de voiture, ce n’est peut-être pas la première chose à mettre en place pour mon bien-être. Il est préférable de chercher une activité qui présente moins de contrainte de déplacement. Également, si je veux me mettre au yoga et que j’ai du mal à me coucher tôt le soir, il est peut-être préférable de faire mon yoga le soir plutôt que le matin très tôt.
Donc, il s’agit pour commencer de choisir un effort acceptable dans un horaire adapté à notre rythme actuel. Une fois la motivation généré par l’effort, nous serons en mesure d’effectuer des changements plus profonds.
↠ Garder le plaisir au coeur de la démarche
Le plaisir est une source de motivation infinie. En gardant le plaisir au centre des actions que nous posons, nous nourrissons notre capacité d’accomplissement et d’épanouissement personnel. Je parle bien ici de plaisir, qui diffère du divertissement. Par exemple, lorsque je pratique mon yoga le matin, j’ai du plaisir à me lever dans une maison silencieuse, à observer la lumière du jour qui devient de plus en plus intense et à savourer le silence qui m’enveloppe. Juste ces quelques détails avant ma pratique me soutiennent dans mon processus de bien-être.
↠ Surfer les vagues du changement
Lorsque j’établis une routine de bien-être, celle-ci va changer au fur et à mesure des jours, des mois, des années… C’est important de varier les éléments de ma routine pour m’adapter à mon niveau de fatigue, la saison, et mes besoins du moment présent.
Je pense par exemple à une très bonne amie à moi qui a l’habitude de se baigner dans la rivière tous les matins. À un moment donné, son corps était plus fatigué, et cette baignade matinale devenait mauvaise pour son équilibre personnel. Elle l’a remplacée par d’autres pratiques de Qi-Gong dans lesquelles sont corps ne perdait pas de chaleur mais en produisait. Et ça lui faisait beaucoup de bien à ce moment là!
Nos besoins évoluent au fil du temps et des expériences de vie qui nous arrivent. C’est essentiel de créer notre routine de bien-être en tenant compte des différentes parties qui composent notre réalité physique, émotionnelle, psychologique, spirituelle et matérielle.
↠ Sortir des idées préconçues
Nous avons souvent des idées sur la manière dont les choses devraient se passer, et le comment nous devrions nous sentir. C’est parfois aidant et propulsant. Mais si nous tombons dans une forme de contrôle et de perfectionnisme, cela peut-être souffrant.
Il n’est pas nécessaire d’être parfait pour que cela soit bon.
Il n’est pas nécessaire de faire parfaitement quelque chose pour que cela fonctionne! Je pense ici à ma professeure de yoga Pranala, Linda Madani. Depuis quelques années elle se concentre sur la pratique des chants védiques. Lorsqu’elle a débuté sur cette voie, elle ne chantait pas bien! Mais elle a persévéré, et j’ai pu observer la transformation que sa pratique a eu sur son état de bien-être, et sur sa voix, bien-sûr!
Nous avons à déconstruire l’image parfaite de ce qui devrait être, pour accepter ce qui est vraiment.
À partir de cette humilité, nous pouvons nourrir une discipline heureuse.
Bâtir une structure interne souple
Dans tous les mécanismes de santé que j’observe, autant dans le corps, que le psychisme, la rigidité amène douleur et souffrance. Lorsqu’il s’agit de notre écologie personnelle, plutôt que de bâtir des immeubles en béton à l’intérieur de nous, je propose d’essayer les structures en bambou, comme à Bali. Elles épousent les mouvements et s’adaptent plus facilement aux tremblements de terre.
Nos vies humaines sont une suite de transformations, de morts et de renaissances. Pour que la discipline serve notre développement personnel, la souplesse et l’acceptation bienveillante sont les piliers sur lesquels elle peut s’enraciner dans notre quotidien.
Si vous souhaitez aller plus loin dans cette réflexion pour vous-même, je vous invite à me contacter. Ça me fera plaisir de partager avec vous et de découvrir comment créer, assouplir et maintenir votre discipline, pour votre liberté.
*Colette Portelance (2014). Relation d’aide et Amour de soi. Édition du CRAM. Montréal, Québec, Canada.
*Georges Leroux, Entretiens, propos rapportés par Christian Nadeau, Boréal, Montréal, 2017, p. 221